Hélène
Vont-ils réussir ?
Voilà deux semaines que le rythme scolaire a repris et déjà ont resurgi les ombres opposées de l’indispensable réussite, et de son antonyme redouté, l’échec. Après les journées ensoleillées, le partage et les rires, voici le retour des pleurs, de l’intimidation et des reproches. Mais que signifie réussir ? Tout le monde maîtrise-t-il consignes et méthodes au même moment ? Comment réconcilier le temps et les respirations de chacun ?
Magistratus facit homines. L’office fait l’homme. Notre système scolaire édifie des statuts sociaux dès les petites classes. En fonction des options, spécialités et parcours, le germe de la position sociale s’élabore au seuil de l’adolescence. Dès lors, chaque faux pas peut être perçu comme le marchepied vers un abîme de déclassement. L’appréhension est renforcée par les phénomènes de comparaison – explicites ou non - entre pairs ou dans la fratrie.
Or réussir est avant tout aboutir à un résultat que l’on estime bon pour soi-même. Et si chacun ne peut discerner son projet de vie qu’à son propre rythme, encore faut-il accepter de prendre le temps nécessaire pour sonder son cœur à la recherche de sa voie.
Le pape François nous invite à considérer le temps supérieur à l’espace. « Ce principe permet de travailler à long terme, sans être obsédé par les résultats immédiats. Il aide à supporter avec patience les situations difficiles et adverses, ou les changements des plans qu’impose le dynamisme de la réalité. (…) Donner la priorité au temps, c’est s’occuper d’initier des processus plutôt que de posséder des espaces. »

Il me semble indispensable, avant de proposer aux jeunes de les guider dans les apprentissages, de les aider à s’accorder du temps pour faire baisser la pression, les rassurer sur leur rythme personnel et leur permettre d’apprivoiser sereinement l’amplitude leurs ambitions.